"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 28 août 2014

Panayiotis Christou: La Vie Monastique dans l’Eglise Orthodoxe (2)


Monastère Sainte Catherine du Sinaï

Le développement de la vie monastique

Au milieu du troisième siècle, la persécution des chrétiens est devenue si grave que beaucoup d'entre eux ont été contraints de se retirer des villes. Cela s'est produit sur ​​une échelle encore plus grande au début du IVe siècle, lorsque la durée des persécutions fut plus grande, de sorte que ceux qui s’étaient retiré restèrent dans la campagne pour une période plus longue. Ils furent tellement habitués à y vivre qu'ils y établirent une résidence permanente, loin de la société du monde qui était déchirée par la haine. 

Les persécutions cessèrent, mais des siècles de persécution étaient devenues un élément indissociable de la vie des chrétiens, et beaucoup d'entre eux trouvaient inconcevable une vie qui ne soit pas dérangée par les persécuteurs. Donc, ils devinrent persécuteurs d'eux-mêmes: ils partirent vers les montagnes, et se soumirent à des privations et des souffrances. Au lieu du "sang du martyre", qui avait mis fin à une lutte avec des hommes féroces, ils se soumettaient au "martyre de la conscience", qui consistait dans la lutte contre les démons.

      Désormais, les montagnes devinrent demeures d'ermites, et peu à peu des communautés organisées de moines également. Avec le passage du temps de plus des lieux en plus éloignés furent recherchés comme refuges ascétiques, comme l’Athos et les Météores. Plus loin les ascètes vivaient, plus ils suscitait de respect et d'admiration chez les gens ordinaires.

      Le premier ermite d'abord connu fut Paul de Thébaïde, mais le premier véritable guide de la vie dans le désert était Antoine le Grand (mort en 356), dont la vie a été écrite avec perspicacité et amour par Athanase le Grand. Il a vécu dans le désert pendant plus de septante ans, et il ne se rendait à Alexandrie que lorsque l'occasion l'exigeait; c'est-à-dire, quand il entendait parler de persécutions, afin d'encourager ceux qui souffraient. Sa renommée lui valut l'estime de Constantin le Grand, qui demandait souvent son avis par lettre. Mais il suscita surtout le zèle de beaucoup d'hommes simples, qui imitaient son exemple. Cinq mille anachorètes occupèrent le désert de Nitrie et les régions environnantes. Ils vivaient dans un isolement complet, et  ils rendaient visite à Antoine ou à un autre vieux moine, un abba, lorsqu'ils avaient besoin de conseils. Il arrivait parfois que l'un d'eux meurent et les jours passait avant que les autres ascètes ne le sachent. Chaque anachorète organisait sa propre prière, son logement, ses vêtements, sa nourriture et son travail. Leur travail consistait surtout à faire des objets de paille, qu'ils vendaient sur des places de marché à la campagne. Le dimanche, seuls, ils allaient à l'église la plus proche, afin de prier ensemble et de recevoir la Sainte Communion. Dans cette forme, la vie d'ermite n'était pas sous le contrôle de l'Église.

      Il était évident que l'isolement absolu pourrait conduire à des mesures arbitraires et ne pas embrasser toutes les exigences de l'Évangile chrétien. Il y avait une absence, en premier lieu, de la supervision spirituelle des ermites, et d'autre part de la finalité de leur activité vers le service de leurs semblables. Cela fut perçu au début par certaines des grandes personnalités ascétiques, qui entreprirent la réforme appropriée: Hilarion dans la région de Gaza, en Palestine; Ammonius à Nitrie, et Macaire à Scété, en Egypte. Tous les trois ont vécu au cours du quatrième siècle. Ces hommes firent de la place du marché, où les ermites vendaient leurs produits, leur centre d'action. Comme ces places de marché étaient appelées lavras, les établissements monastiques près d'elles reçurent le même nom. 

Les ermites vivaient dans de nombreuses cellules construites autour des lavras [Laures en français moderne], à une distance telle qu'ils ne pouvaient ni se voir ni s’entendre les uns les autres. Dans cette vie commune, l'indépendance était freinée dans une certaine mesure; et en outre, un élément de flexibilité devint possible dans l'ascèse. Le chef de la laure inspectait les cellules de temps en temps et exerçait une certaine autorité sur les ermites. En outre, ce dernier les réunissait pour la prière commune le samedi et le dimanche. Au-delà de cela, tout le reste: le logement, l'habillement, la nourriture et le travail, était réglementé par chaque individu pour lui-même.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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