"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 5 septembre 2014

Saint Grégoire Palamas: "Faire l'expérience de Dieu"






Il fut autrefois appelé "la cause de tous les troubles et de toutes les perturbations de l'Église." Maintenant, imaginez qu'il a été qualifié ainsi par le Patriarche de Constantinople lui-même. C'était en l'année 1344. Ce commentaire fut fait lors d'un concile de l'Eglise et cela a fait que cet homme a été jeté en prison pendant les quatre années suivantes. L'homme qui était "la cause de tous les troubles et de toutes les perturbations de l'Eglise" était saint Grégoire Palamas. 

Il a une histoire longue et compliquée, mais chacun de nous a besoin de connaître cet homme qu'était saint Grégoire Palamas, archevêque de Thessalonique. C'est pourquoi l'Église, dans sa sagesse a consacré le deuxième dimanche du Grand Carême comme Dimanche de saint Grégoire Palamas. Pourquoi cet homme fut-il appelé "la cause de tous les troubles et de toutes les perturbations de l'Eglise?" Qu'avait-il fait de si terrible? 

Il fut élevé à Constantinople dans une famille riche. Sa famille était même amie avec l'empereur, mais à partir d'un âge plutôt jeune Grégoire fut attiré par la vie de l'Eglise. Ce n'est pas surprenant car ses parents aimaient l'Eglise et invitaient fréquemment le clergé et les moines à venir passer du temps avec eux. Comme jeune homme, Grégoire quitta la vie confortable et voyagea jusques au Mont Athos en Grèce, pour se former comme moine dans les voies de la prière. Il consacra toute sa vie à Dieu parce qu'il aimait Dieu et voulait passer tout son temps au service de Dieu. Il devint sage et fort par la prière sous la direction de quelques saints hommes expérimentés. 

[… ]Il progressa et obtint le rang d'higoumène, chef de file de l'une des communautés monastiques,  et devint aussi un staretz très respecté sur la Sainte Montagne de l'Athos. 

Le véritable problème commença quand moine d'Italie,  orateur et maître très doué,  visita le Mont Athos. Ce moine était Barlaam. Il enseigna aux moines qu' 

"Il croyait que les moines du Mont Athos perdaient leur temps dans la prière contemplative plutôt que de se consacrer à l'étude. Il se moquait du labeur ascétique (podvig) et de la vie des moines, de leurs méthodes de prière, et de leurs enseignements au sujet de la Lumière Incréée vécue par les hésychastes (ceux qui pratiquent l'hésychie par la prière). Luttant contre la position traditionnelle de l'Église selon laquelle "le théologien est celui qui prie," Barlaam demanda: "Comment une intime communion de l'homme avec le divin peut -elle être obtenue par la prière, car le Divin est transcendant et "demeure dans une lumière inaccessible" (1 Timothée 5:16)? "Personne ne peut appréhender l'être essentiel de Dieu! "Barlaam était convaincu que Dieu ne peut être atteint que par le biais philosophique, en d'autres termes par la connaissance mentale, par le rationalisme." (Revue Again Vol. 27 n ° 1) 

Donc, cela conduisit à un grand conflit entre les moines et en particulier entre Grégoire et Barlaam. Pourquoi un tel conflit? Parce que Barlaam enseignait que nous faisons l'expérience de Dieu par la connaissance. Que nous connaissons Dieu d'abord par la tête [l'intellect]. C'était un type de rationalisme. C'est la conviction que la seule façon de connaître les choses est par la raison. Cela a conduit à de nombreux problèmes dans la chrétienté occidentale et finalement à la Réforme protestante. 

Le problème est qu'essentiellement, cela signifie que nous ne connaissons Dieu que par la logique comme si Dieu était une équation mathématique. Cela ne tient pas compte du fait que pendant des siècles des hommes et des femmes analphabètes mais saints, ont eu de véritables expériences de Dieu par la vie de l'Eglise. Cela signifie également que le labeur et le combat spirituels que nous entreprenons équivaut à rien, parce que Dieu n'est connu que par l'intellect. 

On nous dit que Barlaam se rendit à Constantinople et s'arrêta dans les monastères. Il refusa de participer à des vigiles, à la prière ou au jeûne, et il n'avait pas confiance dans les expériences spirituelles. En bref, il se comporta un peu comme les chrétiens modernes, même les soi-disant chrétiens orthodoxes. Il provoqua une division dans l'Église avec ses enseignements inappropriés, puis blâma Grégoire pour tout cela​​. Ce genre de chose est déjà arrivé et arrivera probablement à nouveau. 

[…] j'ai mentionné que la connaissance de Dieu n'est pas théorique, c'est une expérience réelle. Grégoire Palamas a enseigné que nous pourrions certainement connaître Dieu. Il a fait une distinction importante. Il a dit qu'il y avait deux aspects à la connaissance de Dieu. La première consistait à connaître l'essence de Dieu. C'est impossible pour un être humain. Aucun être humain n'a jamais vu Dieu. Personne ne peut comprendre Sa grandeur ou Sa gloire. 

D'un autre côté, Grégoire a enseigné que nous pouvions connaître Dieu à travers Ses énergies: par la façon dont Il agit clairement à travers le monde et nous visite. Il a comparé la connaissance de Dieu au Soleil: Dieu est comme le soleil. Ce soleil ne peut jamais être saisi ou même regardé de près. C'est impossible et pourtant nous pouvons recevoir l'énergie du Soleil Nous sentons la chaleur des rayons, nous faisons l'expérience de la lumière et de la chaleur. 

Saint Grégoire a souffert et a été emprisonné plus d'une fois pour la défense de sa compréhension de la foi. Un jour, nous pourrions avoir à être assez courageux pour souffrir pour notre foi chrétienne. On ne peut pas s'y préparer par en stockant des fusils et des munitions. On peut s'y préparer en aimant notre prochain et en stockant les paroles de Dieu dans son cœur et en devenant des hommes et des femmes de prière et en enseignant cette vie de prière à ses enfants. 

Saint Grégoire nous enseigne qu'il est possible de s'imprégner de l'amour et des bénédictions de Dieu par la communion authentique, qui est possible grâce au combat pour atteindre la prière fervente. Cela ne se fait pas automatiquement, mais cela vient par la grâce de Dieu. Dieu veut nous toucher par la prière, la prière n'est pas la méditation ou un exercice intellectuel. C'est la communion et la communion avec le Tout-Puissant. 

Aujourd'hui, on nous rappelle que nous pouvons faire l'expérience de Dieu: ce n'est pas une théorie cachée dans un livre. L'éducation et les diplômes ne vont pas si loin, l'expérience de la prière pure est un maître véritable. Lorsque nous avons lutté par le jeûne pendant quelques semaines, nous sommes enclins à penser "cela n'en vaut pas la peine." Pourquoi jeûner, pourquoi prier plus, pourquoi assister à des offices supplémentaires, pourquoi faire tout cela? 

Saint Grégoire nous répond: ces choses nous ouvrent à l'expérience de la présence de Dieu. 

Donc continuez à lutter, cela en vaut bien la peine. Gloire à Dieu à jamais. AMEN!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
citant

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