"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 21 juin 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


8/21 juin
3ème dimanche après la Pentecôte

Saint grand-martyr Théodore le Stratilate (319) ; saint Théodore, évêque de Souzdal (1023) ; invention des reliques des saints princes Basile et Constantin de Yaroslav (XIIIème s.) ; saint Ephrem, patriarche d'Antioche (545) ; saint Zosime de Phénicie (VIème s.)

Lectures : Rom. V, 1-10 ; Matth. VI, 22-33 ; St grand-martyr : 2 Тim. II, 1–10 ; Мatth. X, 16–22.

VIE DU SAINT ET GRAND-MARTYR THÉODORE LE STRATILATE[1]

L
e saint et grand-martyr Théodore était originaire d’Euchaïta, petite localité située non loin d’Amasée. Sa bravoure et ses qualités oratoires lui avaient fait gagner l’estime de l’empereur Licinius (vers 320) qui l’avait nommé général et gouverneur de la cité d’Héraclée. Dès qu’il entra en charge, Théodore révéla sans crainte qu’il était chrétien et convertit par ses paroles enflammées une grande partie de la ville à la vraie foi. On raconte même qu’il confirma la vérité de sa prédication en tuant un dragon qui effrayait les habitants de la région. En réponse à la convocation de l’empereur, qui avait été mis au courant de la conduite inattendue de son favori, Théodore invita Licinius à venir lui-même lui rendre visite à Héraclée, avec ses idoles d’or et d’argent. Encouragé par une vision nocturne qui lui annonçait que le temps était venu pour lui de témoigner par son sang de son amour du Christ, il accueillit l’empereur avec faste. Celui-ci, admirant le bon ordre de la cité, proposa au gouverneur de montrer sa piété envers les dieux en leur offrant un sacrifice. Théodore acquiesça et demanda seulement de prendre les idoles chez lui pendant la nuit, afin de les adorer avant le sacrifice public. Il prit donc les statues d’or amenées par l’empereur et passa la nuit à les réduire en morceaux et, au petit matin, il distribua l’or aux pauvres. Le moment du sacrifice étant arrivé, un centurion alla rapporter affolé à l’empereur, qu’il avait vu un pauvre porter la tête d’or d’une statue d’Artémis. Dès qu’il fut revenu de sa stupeur, le souverain en fureur fit étendre le saint sur le chevalet et ordonna de lui infliger sept cents coups de nerf de bœuf sur le dos, cinquante au ventre et de lui frapper la nuque avec des boules de plomb. Ensuite on l’écorcha et, après avoir passé des torches sur ses plaies, on les racla à l’aide de débris de céramiques. Pendant ces supplices, le saint martyr répétait seulement : « Gloire à Toi, mon Dieu ! » Jeté en prison et laissé sept jours sans nourriture, il fut ensuite cloué sur une croix en-dehors de la ville. Les soldats sans pitié lui enfoncèrent dans le membre viril une tringle de fer qui lui perça les entrailles, et des enfants s’amusèrent à lui lancer des flèches qui lui crevèrent les yeux. Patient dans les tourments et longanime envers ses bourreaux, à l’exemple de son divin Maître, Théodore restait inébranlable dans sa prière et encourageait son serviteur Varus à consigner par écrit tous les détails de son martyre. Comme on l’avait laissé suspendu à la croix pendant la nuit, un ange de Dieu vint le détacher, le guérit de toutes ses blessures et l’encouragea à persévérer jusqu’au terme de son combat. Quand, au matin, deux soldats vinrent pour détacher son cadavre, le découvrant avec stupeur indemne, ils se convertirent au Christ, entraînant avec eux tout le reste de la cohorte et, par la suite, les soldats qui avaient été envoyés pour les châtier. Réalisant que, devant tant de merveilles, la ville en émoi risquait de se soulever, Licinius envoya d’autres soldats avec l’ordre d’exécuter sans retard Théodore, cause de tous ces désordres. Des chrétiens voulurent s’interposer, mais le saint martyr, sentant que l’heure était venue de consommer son union avec le Christ, les arrêta et se présenta paisiblement devant les bourreaux. Après s’être revêtu du signe de la Croix vivifiante, il inclina la tête et reçut d’un coup de glaive la couronne de la gloire. Conformément à ses instructions, les chrétiens portèrent en cortège triomphal sa sainte relique dans sa maison familiale, à Euchaïta. C’est là qu’il accomplit de nombreux miracles au cours des siècles, au point que par la suite la ville prit le nom de Théodoroupolis. C’est cette translation que nous commémorons aujourd’hui.

Tropaire du dimanche, 2ème ton
Егда́ снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́ безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́ : eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
Tropaire du grand-martyr, ton 2
Му́жествомъ души́ въ вѣ́ру оболкíйся и глаго́лъ Бо́жій, а́ки копіе́, въ ру́ку взе́мъ, врага́ побѣди́лъ еси́, му́чениковъ преве́лій Ѳео́доре, съ ни́ми Христу́ Бо́гу моля́ся не преста́й о всѣ́хъ на́съ.
Tu t’es armé dans la foi par le courage de l’âme et tu tins en ta ;main la parole de Dieu comme une lance ; tu as vaincu l’ennemi, ô Théodore, gloire des martyrs ; avec eux, ne cesse pas de prier pour nous tous.

Kondakion du grand-martyr, ton 4
Воинствосло́віемъ и́стиннымъ, стра-стоте́рпче, небе́снаго Царя́ воево́да предо́брый бы́лъ еси́, Ѳео́доре: ору́жіями бо вѣ́ры ополчи́лся еси́ му́дренно, и побѣди́лъ еси́ де́моновъ полки́, и побѣдоно́сный яви́лся еси́ страда́лецъ. Тѣ́мже тя́ вѣ́рою при́сно ублажа́емъ.
Dans l'armée véritable du Roi des cieux  tu fus un excellent stratège, Théodore, martyr victorieux;  car tu as combattu sagement, avec les armes de la foi,  exterminant les troupes des démons, en athlète vainqueur;  c'est pourquoi nous les fidèles, avec foi, nous te disons bienheureux.

Kondakion du dimanche, ton 2
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, и áдъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша : тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
Sauveur Tout-Puissant, Tu es ressuscité du Tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi ; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !


VIE DE SAINT JUSTIN DE TCHÉLIÉ (suite)

En 1930, le Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Serbe l’envoya en Russie Subcarpathique, qui faisait alors partie de Tchécoslovaquie, pour y organiser la vie des Russes et des Slovaques qui étaient revenus à  l’Orthodoxie après être devenus uniates sous la domination austro-hongroise. On lui proposa alors l’élévation à l’épiscopat, ce qu’il refusa avec une grande détermination. « Je me suis regardé longuement et sérieusement dans le miroir de l’Évangile », écrivit-il, « et je suis parvenu à la conclusion immuable et à la décision irrévocable : je ne puis en aucun cas accepter, et je n’oserai recevoir le rang épiscopal, car je n’en n’ai pas les qualités fondamentales ».

En 1932, il publia le premier tome de sa célèbre « Philosophie orthodoxe de la vérité », c’est-à-dire de sa dogmatique et, en 1935, il fut nommé, professeur de dogmatique à la Faculté de théologie de Belgrade. Pendant toute sa vie d’enseignant, il était particulièrement proche de ses élèves. Lorsqu’il s’adressait à des jeunes gens, il aimait à souligner que le jeune homme de l’Évangile avait soulevé la question la plus fondamentale: « Bon Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (Mc 10,17). « Nul autre que ce jeune homme de l’Évangile », disait le père Justin, « n’avait posé une question aussi importante et décisive pour l’homme,».  En 1938, le père Justin fonda, avec d’autres intellectuels, la société philosophique serbe. On peut dire de lui, à l’instar de St Macaire le Grand, qu’il fut « philosophe du Saint-Esprit ».

Juste avant la seconde guerre mondiale, il eut une vision du Christ crucifié, ressentant que des épreuves redoutables attendaient son peuple. Ce fut bientôt  l’occupation nazie et le génocide des Serbes dans « L’État Indépendant de Croatie ». Lorsque ces pénibles événements se produisirent, le père Justin participa à la rédaction du mémorandum de l’Église Serbe au sujet des souffrances du peuple serbe en Croatie. Durant l’occupation, il passa la plus grande partie de son temps dans les monastères, la faculté de théologie ayant été fermée par l’occupant. Il parvint à traduire de nombreux textes hagiographiques et patristiques, et rédigea ses exégèses des Saintes Écritures. Il avait en outre traduit les douze tomes de la vie des Saints de St Dimitri de Rostov : la vie des saints, disait-il est « les dogmes traduits dans la vie. Que sont les dogmes ? La vie des saints réalisée ». « Les actes des Apôtres », disait-il, «sont la continuation du Saint Évangile du Christ, et les vies des saints sont la continuation des Actes des Apôtres… » Avec l’arrivée des communistes au pouvoir en 1945, le père Justin fut chassé de l’université, en même temps que deux-cents autres professeurs, et ensuite arrêté et emprisonné. Il échappa de peu à la condamnation à mort comme « ennemi du peuple ». Il fut arrêté au monastère de Soukov près de Pirot, et emprisonné à Belgrade. Mais l’intervention du patriarche Gabriel de Serbie, qui avait été libéré du camp de Dachau et était de retour en Yougoslavie, le sauva. Chassé de l’Université et sans moyens de subsistance, privé de tous ses droits, le père Justin vécut alors pratiquement en réclusion dans le petit couvent féminin de Tchélié, dédié aux saints Archanges, près de Valiévo. Là encore, les communistes ne le laissèrent pas en paix, le convoquant souvent à des interrogatoires.
Malgré tous les obstacles, la lumière du Christ ne pouvait restée dissimulée. Nombreux étaient ceux qui, venaient consulter le saint confesseur, que ce soit de Serbie même ou de l’étranger. En particulier, le peuple venait assister aux offices Divins, qu’il célébrait quotidiennement. Toute sa vie était concentrée dans la Sainte Liturgie, qui, selon ses propres paroles était « l’échelle, le pont qui mène au ciel ». Pendant celle-ci, il versait des larmes abondantes, commémorant d’innombrables noms. Ce Jérémie serbe priait pour tous les hommes. Dans le cadre de sa vie liturgique, il traduisit de nombreux textes liturgiques en serbe, dont les Liturgies de St Jean Chrysostome et St Basile. La langue serbe actuelle s’étant éloignée de la langue d’Église, il sut constituer une langue compréhensible, tout en gardant son caractère liturgique, sa précision et son lien avec le slavon d’Église. Il composa un certain nombre de prières remarquables, à St Michel Archange, aux Apôtres Pierre et  Paul, au saint mégalomartyr Étienne de Détchani et à S. Jean Chrysostome. Il prononça également de nombreuses homélies sur les fêtes et les évangiles du dimanche. Depuis sa jeunesse, le père Justin éprouvait une grande vénération pour St Jean Chrysostome, auquel il rédigea une magnifique prière. Le saint lui était apparu dans un songe en 1955, qu’il avait décrit ainsi : « La veille de la mémoire du saint prophète Jérémie, à minuit, je vis durant le sommeil S. Jean Chrysostome, dans de fastueux ornements épiscopaux, avec un somptueux Évangéliaire en or dans les mains, venant vers moi. Je m’empressai d’aller à sa rencontre, tomba à ses pieds, baisai ses pieds et le pan de ses habits, et il plaça le Saint Évangile sur ma tête et lut. Lorsqu’il termina la lecture, je lui demandai joyeusement ce qu’il avait lu. Il me répondit : « des passages de mon euchologe ». Je ressenti de la componction, une joie indicible dans l’âme. Je me réveillai dans cette disposition. Ce ravissement joyeux et cette componction ineffable restèrent longtemps en moi ».  (à suivre).
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 1-12
Liturgie : Rom. VI, 18.23 ; Hébr. XIII, 17-21 ; Matth. VIII, 5-13 ; Jn X, 9-16


[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos-Petras

Aucun commentaire: