"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 4 mars 2014

STARITZA NIKODIMA DE DIVIYEVO † 2/15 mars ( 1990) [8]



Archimandrite Seraphim (Batiukov) 1880-1942.
Staretz Séraphim (Batioukov)
1880-1942

8. Le staretz Séraphim (Batioukov)

Un homme est venu à Diviyévo, le futur ascète, le staretz Séraphim (Batioukov). Il vint à Diviyévo parce qu'il y avait là-bas des moniales qui avaient de l'expérience dans la vie spirituelle. Il était très jeune à l'époque, comme l'a raconté Matouchka. Il était issu d'une famille très noble et très pieuse. Il était très jeune et il reçut un enseignement spirituel des moniales de Diviyévo. 
Avant la révolution, il était venu au monastère, et bien sûr, il en avait reçu un grand bienfait. La plupart du temps, il allait voir Mère Michaela. Quand la révolution avait déjà eu lieu, cet homme, qui a toujours eu tout ce qu'il fallait dans la vie, a pris le rang sacerdotal pendant le temps de la persécution, ce qui en dit déjà beaucoup sur lui. Les détails de sa vie peuvent être appris à partir des souvenirs de Julia Yakovlevna Vasilevskaya, la tante d'Alexandre Men, que le staretz baptisa. Il connaissait le staretz Nectaire d'Optina qui lui avait donné une instruction spirituelle, et il était le fils spirituel du staretz Zacharie (Zossime dans le schème), qui fut enterré dans le cimetière allemand [à Moscou]. Père Séraphim reçut la tonsure monastique, il était était prêtre, Supérieur de l'église des saints Cyr et Jean à Solyanka, le métochion serbe.
Les moniales de Diviyévo qui avaient été près de Mère Michaela et qui étaient maintenant dispersées, vinrent à lui pour être instruites spirituellement en ces temps orageux. Matouchka était proche du staretz et le connaissait bien. Un jour, elle pensa: "Il serait bon pour moi de vivre avec Batiouchka." Eh bien, c'était une pensée venant de sa simplicité d'âme. Alors Père Séraphim l'a appelée et lui a dit: "Voilà, Pacha, Tu vas à Sergeyev Posad et tu cherches une maison." Alors, elle et sa sœur Susanne (Xénia) ont acheté une maison à Sergeyev Posad. Puis vint la déclaration du Métropolite Serge. Père Séraphim ne l'a pas acceptée, et il est parti de là où il vivait, et il est parti avec un autre prêtre pour vivre dans cette maison. Comme Batiouchka le dit lui-même "pour l'amour de la pureté de l'Orthodoxie." 
Il est allé pratiquement dans l'Eglise des Catacombes et Matouchka partit avec lui. Père Séraphim a vécu douze ans dans cette maison. Les offices divins et la Liturgie étaient célébrés tous les jours, tous les jours les Vêpres…Les offices n'ont jamais été sautés, et Père Séraphim servait tous les jours. C'était une petite maison avec deux chambres, un petite avec un couloir étroit, et l'autre un peu plus grande, avec une petite cuisine. C'est étrange, mais cette petite maison a accueilli jusqu'à soixante personnes. 
Lorsque nous vivions là-bas, nous étions dix ou douze, et elle était bondée. Mais comment une soixantaine de personnes pouvaient y tenir, cela s'apparente au miracle évangélique des pains et des poissons, lorsqu'il  eut cinq pains pour cinq mille personnes. Matouchka dit que beaucoup de gens venaient, et c'était au cours de la période de persécution féroce de l'Église. Mais, et cela est intéressant, Père Séraphim disait: "Tant que je vivrai, personne ne vous touchera, mais après ma mort, ils le feront, mais tant que je suis vivant, vous, vous n'avez rien à craindre." 
Et vraiment c'était très inexplicable et très étrange que tant de gens viennent, ils étaient suivis par le NKVD, mais même ainsi [ils n'ont pas été arrêtés]. Il arrivait même, comme Matouchka le raconte, que l'office soit en cours, et que nous chantions (ils avaient un autel qui était consacré).  Nous savons que le NKVD se promène sous les fenêtres, on pourrait même les voir à travers la fenêtre, mais ils ne pouvaient pas entrer, et donc le Seigneur nous gardait. Ils se promenaient pendant un moment, puis ils partaient. Rien ne s'est passé alors tant que Père Séraphim était vivant. Les persécutions sont venues plus tard." 

Au moment où elle vivait avec le père Séraphin, pendant douze ans, elle a travaillé dans une usine, une usine de jouets semble-il, et elle a été comptée parmi les travailleurs exemplaires. Elle devait se cacher. Dans la rue, elle était "tante Pacha," et tous ses voisins la respectaient beaucoup, la traitaient avec grand respect. Beaucoup de gens venaient en permanence dans sa maison, ne s'intéressant pas à qui elle était. Mais en tout cas, on ne savait pas que le Père Séraphim y vivait. 
Peut-être que quelqu'un le savait, mais c'était si secret qu'il était impossible de comprendre. Elle allait travailler comme une ouvrière du monde ordinaire. C'était difficile: offices quotidiens, travail très lourd, mais le Seigneur lui donnait des forces. " Je revenais à la maison," disait-elle, " et je ne pouvais plus sentir mes bras et les jambes, mais je devais chanter et assister aux offices. Malgré cela, elle travaillait si consciencieusement que ses patrons la respectaient beaucoup, et même ils l'envoyèrent dans certains cercles de haut rang de Moscou comme travailleuse exemplaire. 
Puisqu'elle ne mangeait pas de viande, la question s'est naturellement posée de savoir ce qu'il fallait faire quand ils en offraient. Elle demanda à Père Séraphim: "Que dois-je faire au sujet de la viande? Je n'en mange pas, je suis moniale."  Père Séraphim lui dit: " Le Seigneur en prendra soin, Pachenka... Ne refuse pas; mange tout ce qu'ils te donnent." 
Quand ils ont mis de la viande devant elle, elle a essayé d'en manger un peu, elle n'en avait pas eu dans sa bouche pendant de nombreuses années, et elle s'est immédiatement sentie malade. Tout le monde a dit: "Oh, qu'est-ce que c'est, notre travailleuse exemplaire, comment cela se peut-il? Eh bien, sans doute, qu'elle a besoin de manger cet autre plat." Ainsi, elle a échappé à la nécessité de manger de la viande.

Elle ne nous a pas  dit grand-chose sur la vie de Père Séraphim, car il y avait déjà un livre écrit sur lui. Comme elle nous l'a dit, Père Séraphim l'appelait " Bienheureuse Pashenka." Il disait même: "Bienheureuse Pachenka, viens ici, apporte-moi ceci ou cela, Bienheureuse Pachenka." En outre, l'obéissance qu'elle lui témoignait était intouchable; si Père Séraphim disait quelque chose, il devait en être ainsi."

Vladyka Athanase (Sakharov) vint les voir et se confessa au Père Séraphim. Leur Eglise des Catacombes était sous la juridiction de l'évêque Athanase. C'était aussi un grand staretz. Père Séraphim était aussi préparé pour la consécration comme évêque, mais comme le staretz était très profond, il a apparemment vu que l'Eglise des Catacombes finirait sa mission et que sa raison d'être cesserait. Peut-être même qu'il demanda au Seigneur de le guider sur le chemin de sa vie.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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