"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 7 août 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière à la Mère de Dieu




Les chrétiens orthodoxes prient non seulement Dieu, mais aussi la Mère de Dieu et les saints. Cette pratique de la prière dans l'Église orthodoxe diffère, par exemple, de la pratique des communautés protestantes. Les protestants ne reconnaissent pas la prière à la Mère de Dieu et aux saints. Ils disent: nous n'avons pas besoin d'intermédiaires pour nous approcher de Dieu. C'est une remarque juste - nous n'avons pas besoin des "intermédiaires" - mais la conclusion tirée de ceci est erronée. Après tout, nous ne prions pas la Mère de Dieu à une sorte de niveau intermédiaire entre nous et Dieu; nous prions vers elle, parce qu'elle est la Mère de Dieu, car il est impossible de la séparer de son divin Fils.
Lorsque j'étais étudiant en Angleterre, mon professeur - un évêque orthodoxe âgé - m'invitait souvent pour des études dans sa maison. J’allais chez lui, et sa mère âgée m’ouvrait la porte. Imaginez si je ne l'avais pas saluée, si je ne l'avais pas remarquée, mais que j'étais passé devant elle dans la maison en disant: "Je n'ai pas besoin de tous les intermédiaires; Je ne m'occupe que de l'évêque." Il me semblait parfaitement naturel que, ayant affaire au fils, j'avais aussi affaire avec la mère. Bien sûr, cet argument est d'un caractère purement profane.
Il y a aussi des arguments plus sérieux. Le plus important d'entre eux est l'expérience de millions de personnes qui montrent que la Mère de Dieu est à l'écoute de leurs prières et leur répond; qu'elle aide les gens; et, d'ailleurs, qu'elle est en effet un intercesseur pour les personnes devant son Fils et Dieu.
La Mère de Dieu est inséparable du Sauveur; son exploit spirituel [podvig] est inséparable de celui de son Fils. Considérez que quand l'Ange du Seigneur descendit du ciel pour lui dire: tu concevras dans ton sein, et tu enfanteras un fils (Luc 01:31), l'Incarnation dépendait de son accord ou de son désaccord. Elle aurait pu dire "non", mais elle a dit "oui". 
Elle a élevé l'enfant, L'a amené au Temple en sacrifice à Dieu; elle a traversé toute sa vie terrestre à côté de Lui. Quand le Christ a été crucifié, elle se tenait à la Croix, parce qu'elle ne pouvait pas être séparée de Lui. Elle était avec Lui même dans Sa souffrance la plus terrible, car elle est devenue participante à son exploit.
Quand le Seigneur était sur ​​la croix, Son disciple bien-aimé était à côté de Lui, et Il lui dit: Femme, voilà ton fils! Et à son disciple Il dit: Voilà ta mère (Jean 19: 26-27). Il a ainsi, en quelque sorte, donné non seulement à Son disciple bien-aimé, mais à tous Ses disciples, sa protection et sa garde. A partir de ce moment, elle, comme Mère de son Fils, est devenue aussi Mère de Ses disciples, c'est-à-dire la Mère de l'Eglise. Et nous nous tournons vers elle comme vers notre Mère et la Mère de l'Eglise.
Nous disons dans la prière à la Mère de Dieu: "Très Sainte Génitrice de Dieu sauve-nous!" Cela ne signifie pas que nous la considérons comme notre sauveur. Le Sauveur est le Christ. Mais nous confessons son implication dans le mystère du salut, sa participation à ce mystère. Et nous comprenons que le salut est possible pour nous parce que la Mère de Dieu a exprimé son accord avec la parole de Dieu adressée à elle. Et, grâce à son consentement, nous avons accès à son Fils et à son Dieu, notre Père céleste.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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