"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 18 septembre 2014

Saint Joseph le Nouveau de PARTOŞ, Métropolite de Timişoara (+ 1656)



Saint Joseph le Nouveau de Partoş est né en 1568 à Raguse, en Dalmatie (aujourd'hui Dubrovnik, Croatie), issu d'une famille chrétienne de Valachie, il fut  baptisé Jacob. Son père était un Vénitien nommé Giovanni Fusco, et sa mère, Ecaterina, était originaire de Limnos, une île grecque. Elle avait, plus précisément, une ascendance "Morlach", qui est l'autre nom des "Mavro-Vlachos" (valaques noirs), l'une des différentes populations romanes éparpillées au sud du Danube, dans toute la péninsule balkanique.

Après la mort de son père, le jeune Jacob déménagea avec sa mère à Ohrid, centre orthodoxe important de la région, aussi peuplé par les Aroumains et les Valaques noirs. Là, le jeune garçon, âgé de 12 ans, alla dans une école de monastère. Trois ans plus tard, il entra dans la congrégation du monastère de Notre-Dame d'Ohrid, et il y resta environ 5 ans.

Moine athonite

Après cinq années d'apprentissage, il alla au Mont Athos, au monastère de Pantocrator et il y fut tonsuré moine, et nommé Joseph. 

Là, dans le monastère, il était connu comme Mégaloschème Joseph " le Valaque", ce qui signifie qu'il  reçut le grand schème monastique (Le grand schème, à la différence du petit schème, consiste en une nouvelle tonsure, d'habitude reçue seulement par les ermites). Il vécut là pendant de nombreuses années menant ainsi que les moines, une vie de jeûne sévère, d'agrypnies, d'obéissance et d'humilité. Enfin, il alla comme ermite dans les bois à proximité et on dit qu'il avait le "don des larmes", charisme très prisé dans le monachisme oriental et "la prière incessante", parce qu'il "descendait l'intellect [noûs] dans le cœur", c'est-à-dire qu'il unissait sa raison avec ses sens spirituels. Cette union intérieure est considérée dans le monachisme orthodoxe, en particulier après Grégoire Palamas et le mouvement hésychaste, comme l'idéal de la perfection humaine.

En raison de la sainteté de sa vie, Joseph pouvait faire des miracles et il guérissait beaucoup de maladies, en particulier celles qui affligeaient les gens paralysés. Souvent, il fut appelé dans plusieurs monastères, où il guérit les moines de leurs souffrances corporelles. 

Après un long temps, les moines l'invitèrent à revenir dans la congrégation, et il fut ordonné prêtre et confesseur des moines du Mont Athos. Bientôt, il fut connu aussi du Patriarche de Constantinople qui le nomma higoumène du monastère de Saint-Etienne à Andrinople, où il resta environ 6 ans. Revenant  sur l'Athos, Joseph devint higoumène du monastère de Koutloumousiou, un des couvents les plus anciens, essentiellement construit à partir des dons des voïvodes et des nobles valaques.

Etant âgé de plus de 70 ans, il se retira en silence près du monastère de Vatopaidi. Mais sa mission n'en était pas finie pour autant. 

Métropolite

En 1552, le Banat occidental, jusqu'ici inclus dans le Royaume de Hongrie, tomba sous la domination turque, se transforma en "pachalik" (1552-1718) basé à Timişoara. Dans ce contexte, il semble qu'il y avait une métropolie dans cette région, sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople. Il est difficile de dire de quelle nationalité étaient les croyants orthodoxes du Banat. La migration massive vers le nord serbe du Danube commença après la bataille de Kossovopolje (Champ du Merle), en 1389, lorsque la Serbie fut occupée par les Turcs. Jusque-là, il y avait dans le Banat seulement des Roumains (Valaques), des Hongrois et des Allemands.

Un Métropolite de Timişoara  mourut en 1650 et Joseph le Valaque, âgé d'environ 80 ans, fut envoyé à sa place, en dépit de son âge. Peut-être que sa nationalité était importante aux yeux des croyants orthodoxes [qui vivaient] là. En tout cas, son ordination eut lieu le 20 Juillet 1650 et il fut Métropolite uniquement pendant trois ans. La tradition mentionne plusieurs miracles du saint, y compris la lutte contre un incendie qui ravagea la partie à l'ouest de Timişoara. Apparemment, Joseph sortit de l'église avec les sacrements dans les mains et, après avoir prié avec larmes, Dieu envoya une forte pluie, de sorte que le feu s'arrêta. 



Antique icône du Saint

Étant pratiquement toute sa vie simple moine, il aurait aimé le silence du monastère plus que le service en tant que hiérarque. En 1653, Joseph se retira définitivement  au monastère pas très éloigné de Partoş, où il vécut pendant trois ans. Cette information provient d'une note, faite en 1655, dans un Ménologe  qui appartenait au monastère de Saint-Georges, situé près de la ville:  "Ce livre appartient au Seigneur Métropolite Joseph de Timişoara, qui a volontairement quitté le diocèse en 1655, se retirant au monastère de Partoş, où il vécut plusieurs années et  ensuite partit pour la vie éternelle, où les saints reposent."

Selon la tradition, lors de son passage dans l'éternité, les cloches du monastère commencèrent à sonner d'elles-mêmes.

Saint Joseph mourut âgé de plus de 85 ans. Il fut enterré dans la nef de l'église du monastère, en face de la porte d'entrée.

L'ancienne et la nouvelle église du monastère de Partoş

Vénération

Très tôt, la tradition populaire considéra le Métropolite Joseph comme un saint. En 1749, un pèlerin nommé Peica offrit un évangéliaire au monastère de Partoş, juste avant son voyage à Jérusalem. Sur ce livre, il écrivit: "Moi, serviteur pécheur de Dieu Hadji (حاجّ= pèlerin*) Peica, j'offre ce livre saint, l'Evangile, au monastère de Partoş, dédié à Saint-Michel - où se trouve le corps du Seigneur saint Joseph - pour notre bien et notre heureux voyage à la grande ville de Jérusalem."""

En 1782, le prêtre local Stéphane Bogoslovici peignit une icône, à la demande de l'archiprêtre Ioan Şuboni, qui en fit don au monastère, afin qu'elle ne soit placée au-dessus de la tombe du saint. Sur l'icône y fut écrit le nom de Notre Père Saint Joseph le Nouveau" et le tropaire (hymne de saint) comme suit: «Dans la jeunesse vous entièrement obéi à Dieu dans la prière et dans le jeûne et travaux, étant l'icône de la bonté. C'est pourquoi Dieu, voyant votre bon travail, a vous mettre évêque et pasteur de son église. C'est pourquoi, votre corps saint a été préservée, après la mort, juste et incorrupted. Saint Joseph, prie le Christ notre Dieu, pour donner le pardon à ceux qui se souviennent de votre sainte mémoire, avec foi et amour ".Selon une autre tradition, la fille de Mark Mutiu, le maire de Timisoara dans le milieu du 18ème siècle, a été guéri au monastère d'une maladie qu'elle a longtemps souffert. En signe de gratitude, le maire construit ici une nouvelle église, près de l'ancienne, où saint Joseph fois officié la liturgie. 

Cette église fonctionne encore jusqu'à aujourd'hui. En 1929 Bizerea, un prêtre local a écrit aussi sur la tradition locale, que saint Joseph "déjà au cours de sa vie a connu la gloire d'un vrai saint, et après sa mort, il a laissé le souvenir d'un véritable saint parmi les personnes religieuses et les moines "

Cathédrale orthodoxe roumaine de Timişoara

Le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine bientôt décidé  la proclamation officielle de la sainteté du hiérarque Joseph le Nouveau. Cet acte se produisit lors d'une célébration du 6 au 8 octobre 1956, dans la cathédrale métropolitaine de Timişoara, où ses saintes reliques furent placées. Sa commémoration a lieu chaque année le 15 Septembre, jour de son intronisation comme métropolite. L'acathiste à Saint-Joseph et les autres offices du saint ont été inclus dans les livres d'offices de l'Église orthodoxe roumaine.
  
En 1965, le Synode de l'Eglise orthodoxe serbe a également décidé d'ajouter le nom de saint Joseph dans les calendriers religieux de la Serbie, en témoignage de la vénération que saint Joseph connut partout, dans les parties serbes et roumaines du Banat.

L'histoire de la lutte contre l'incendie est restée très forte dans la mémoire de ses habitants, de sorte que, suite à une décision du ministère roumain de l'Intérieur en 1997, saint Joseph le Nouveau est devenu le saint patron des pompiers.



Les reliques et l'icône du saint, 
dans la cathédrale de Timişoara


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Note:
Hadji en arabe  [ حاجّ ], hatzi dans la transcription grecque, signifie celui qui a effectué le pélerinage à la ville sainte de Jérusalem. Il est une pieuse coutume qui subsiste encore dans certaines églises grecques et qui consiste à communier les “hadjis” sous l’appellation de Pèlerin ( proskinitaire) ... suivi du prénom de la personne.

Aucun commentaire: