"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 1 mars 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


16 février / 1er mars
Dimanche de l’Orthodoxie

Saints martyrs Pamphile, Valens, Paul, Seleucius, Porphyre, Julien, Théodule, Elie, Jérémie, Isaïe, Samuel et Daniel (307-309). Saint Maruthas, évêque de Mésopotamie (422) ; saints martyrs de Martyropole en Perse (IV) ; saint martyr Romain du Mont Athos.
Liturgie de saint Basile le Grand

Lectures : Hébr. XI, 24–26, 32 – XII, 2 ; Jn. I, 43–51.

« La règle pour distinguer la vérité de l’erreur »

À l’occasion du dimanche de l’Orthodoxie, lorsque l’Église célèbre sa victoire non seulement sur l’iconoclasme, mais aussi sur toutes les autres hérésies, nous reproduisons ci-dessous des extraits du « commonitorium » de St Vincent de Lérins († vers 450), dont le dessein était de définir la « règle pour distinguer la vérité de l’erreur ».

S
ouvent, avec le plus grand soin et beaucoup d’attention, j’ai interrogé de nombreux hommes, aussi saints que savants. A tous je demandai : « Existe-t-il une règle sûre, d’application générale, canonique en quelque sorte, qui me permette de distinguer la vraie foi catholique (c’est-à-dire universelle, orthodoxe) de l’erreur des hérésies ? » De tous, j’ai toujours reçu la même réponse : « Si tu veux, toi ou quelque chrétien (...) demeurer sain et sans tache dans une foi saine, alors avec l’aide du Seigneur, abrite ta foi sous l’autorité de la loi de Dieu [c’est-à-dire la Sainte Écriture], puis sous la Tradition de l’Église ». On m’objectera peut-être: « Mais le Canon des Écritures est parfait ; il se suffit largement à lui-même. Pourquoi donc y ajouter l’autorité de l’interprétation qu’en donne l’Église ? » Précisément parce que le sens de l’Écriture est si profond que tous ne l’entendent pas pareillement, ni universellement. Les mêmes mots sont interprétés différemment par les uns et par les autres. On pourrait presque dire qu’il y a autant de commentaires de l’Écriture qu’il en existe de lecteurs ! Novatien expliquait l’Écriture d’une certaine façon ; Sabellius d’une autre ; Donat avait ses propres idées sur le sujet ; et Arius, Eunome, Macedonius, Photin, Apollinaire, Priscillien, Jovinien, Pélage, Celestius, Nestorius, tous ont eu leur opinion personnelle... Il est donc bien nécessaire, devant cette erreur aux replis si variés, de soumettre l’interprétation des Livres prophétiques et apostoliques à la règle du sens ecclésial et orthodoxe. Dans l’Église catholique [c’est-à-dire universelle, orthodoxe] même, il faut veiller avec le plus grand soin, à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous... Plus je pense à tout cela, plus je suis étonné de la folie de certains, de l’impiété de leur âme aveugle, de leur passion pour l’erreur. Car ils ne se contentent pas d’une règle de foi traditionnelle, reçue depuis l’antiquité. Mais de jour en jour, ils veulent du nouveau, encore du nouveau ! Ils brûlent toujours d’envie d’ajouter, de changer, de supprimer quelque chose à la religion. Comme si elle n’était pas un dogme céleste dont il suffit qu’il nous ait été révélé, mais plutôt comme s’il s’agissait de quelque doctrine terrestre qui ne parvient à la perfection qu’après de constantes corrections. Pourtant les paroles divines ne proclament-elles pas : « Ne déplace pas les bornes que tes pères ont posées » (Prov. XXII, 28), et aussi : « Ne juge pas par-dessus le Juge » (Si. VIII, 14), et « Qui coupe la haie, le serpent le mord » (Eccl. X, 8), et encore cette parole de l’Apôtre qui, telle un glaive spirituel, décapitera toujours les nouveautés criminelles de l’hérésie : « O Timothée, garde bien le dépôt, évite les paroles nouvelles et impies et les objections d’une pseudo-science, car pour s’y être attachés, certains se sont égarés de la foi » (I Tim. XX, 21) (...). Qu’est-ce qu’un dépôt? Un dépôt, on te l’a confié ; tu ne l’as pas trouvé. C’est quelque chose que tu as reçu et non élaboré toi-même ; il ne provient pas de ton intelligence personnelle, mais de la doctrine ; il n’est pas réservé à l’usage privé, mais fait partie d’une tradition publique. Il est venu vers toi, tu n’en es pas l’auteur, mais le simple gardien. Tu ne l’as pas institué... Tu ne le diriges pas, tu dois le suivre. Conserve donc inviolé et intact ce talent (Matth. XXV, 14) de la foi catholique. Ce qui t’a été confié, garde-le chez toi et transmets-le. Tu as reçu de l’or, c’est de l’or qu’il faut rendre. Je n’admets pas que tu substitues impudemment une chose à une autre, du plomb ou du bronze à de l’or. Je ne veux ni simili ni plaqué, mais de l’or pur... ».

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Дýxoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасе́нie на́ше, воспои́мъ вѣ́рній и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на кре́стъ, и cме́рть претерпѣ́ти, и воскреси́ти уме́ршыя сла́внымъ воскресеніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !
Tropaire du 1er dimanche de Carême, ton 2
Пpeчи́стому о́бpaзу Твоему́ покло-ня́емся благі́й, прocя́ще прoще́нія пpeгpѣшeній нáшихъ Xpисте́ Бо́же ; во́лею бо благоволи́лъ ecи́ пло́тію взы́ти на Kpécтъ, да изба́виши, я́же созда́лъ ecи́, отъ рабо́ты вжія. Tѣ́мъ благода́рственно вопіе́мъ Ти́ : páдости испо́лнилъ ecи́ вся́ Cпáce на́шъ, прише́дый спасти́ мípъ.
Nous vénérons Ta très pure Image, Toi qui es bon, en implorant le pardon de nos fautes, ô Christ Dieu. Car Tu as bien voulu, dans Ta chair, monter sur la Croix, afin de délivrer ceux que Tu as créés, de la servitude de l’ennemi. Aussi, Te rendant grâce, nous Te crions : Tu as tout rempli de joie Sauveur, en venant sauver le monde.
Kondakion du 1er dimanche de Carême, ton 8
Нeoпи́санное cло́во Óтчее, изъ Teбе́ Богopóдице описа́ся воплощaeмъ : и ocквépншійся о́бpaзъ въ двнее вообpaзи́въ, Боже́ственною добтою смѣcи́ : но иcповѣ́дающе спасе́нie, дѣ́ломъ и cло́вомъ, cié вообpaжáeмъ.
Le Verbe incirconscriptible du Père, fut circonscrit en s’incarnant de Toi, ô Mère de Dieu. Restaurant sous son ancien aspect l’image souillée, Il la mêla à la Divine beauté. Mais confessant le salut, nous le représentons en actes et en paroles.
Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. O Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu Petit Enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. O Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

VIE DU SAINT MARTYR MARUTHAS Évêque de SOPHÈNE, et des saints martyrs reposant à MARTYROPOLIS[1]
Au temps de saint Constantin le Grand, Liyuta, le gouverneur du pays de Sophène, situé au sud-ouest de l’Arménie, aux confins des empires perse et byzantin, s’était épris de la fille du gouverneur d’un district voisin, Mariamne, qui était chrétienne et se refusait à une alliance avec un païen. Cependant, grâce à l’intervention de saint Jacques de Nisibe [13 janv.], les parents de la jeune fille acceptèrent l’union, et à Pâques de la même année, à la suite de l’intervention d’un ange, Lyiuta fut baptisé, entraînant une grande partie de la population de sa province au christianisme.
De ce beau couple, uni par l’esprit, naquirent une fille et un fils, l’admirable Maruthas. Il étudia avec succès les sciences de son temps, en particulier la médecine et, à la mort de son père, il lui succéda dans le gouvernement de la province, avant d’être ordonné évêque. À l’époque de l’accession au trône de Yazdegerd Ier (vers 399), il fut envoyé en ambassade par l’empereur byzantin à la cour du roi des Perses et y accomplit beaucoup de miracles. Il guérit en particulier le roi des rois d’un violent mal de tête , et obtint ainsi la faveur du souverain et la paix pour les chrétiens dans tout le royaume. Comme le roi voulait lui montrer sa reconnaissance par quelque somptueux présent, le saint évêque demanda qu’on lui accorde les corps des saints martyrs qui avaient rendu témoignage pour le Christ en Perse pendant la terrible persécution de Sapor (Shâpûr) II (340-379). Les ayant obtenu sans difficulté, il rapporta les reliques des saints martyrs dans sa cité épiscopale, Mayerferqat, qui reçut dès lors le nom de Martyropolis. Quelques années plus tard, en 410, il revint en Perse pour prendre part au Concile de Séleucie qui réorganisa l’Église perse. Il contribua à l’élection du nouveau catholicos et, par la suite, il ne cessa de veiller au maintien de la paix et du bon ordre de l’Église dans le royaume sassanide. Les mages perses, jaloux de la faveur acquise par cet évêque chrétien auprès du roi des rois, cachèrent un homme sous terre dans le temple du feu, qui prit la parole, comme s’il s’agissait d’un dieu, au moment où le souverain venait offrir son sacrifice, et dit : « Je ne t’agrée pas, car tu t’es mis du côté de Maruthas, le chef des Galiléens. » Conduit par la grâce de Dieu, Maruthas pénétra alors dans le temple et dévoila le stratagème, en faisant creuser à l’endroit où la voix se faisait entendre. L’imposteur ayant avoué que c’était sur l’ordre des mages qu’il avait agi, le roi les fit tous arrêter et donna l’ordre de les exécuter avec leurs familles. Maruthas, poussé de compassion, intercéda en leur faveur et obtint qu’une dizaine d’entre eux seulement fût exécutée. Le roi donna ensuite au saint évêque l’autorisation de bâtir autant d’églises qu’il voudrait dans son royaume, et il laissa les chrétiens exercer librement leur culte, en leur offrant même les services de son administration pour faire respecter les décisions du Concile de Séleucie. Quant au bienheureux Maruthas, il s’endormit en paix dans sa cité épiscopale et rejoignit le chœur des saints martyrs vers l’an 420.

HOMÉLIE DE SAINT SYMÉON LE NOUVEAU THÉOLOGIEN
SUR LA DEUXIÈME SEMAINE DU GRAND CARÊME
…Ainsi donc, pour le redire encore, la semaine passée, la première du Jeûne, voit tous les fidèles faire assaut de courage, - mais cette semaine une fois passée et le samedi arrivé, l’Église de Dieu se conforme à la tradition en célébrant la fête du grand martyr saint Théodore, ou pour mieux dire le salut extraordinaire que par lui Dieu accorda à son peuple très fidèle, et nous continuons, le dimanche, en faisant la commémoration de la Foi Orthodoxe et en chantant tous à notre Dieu très bon des hymnes de reconnaissance ; aussi le Méchant, toujours jaloux du bien, se glissant subrepticement en chaque fidèle et l'enlaçant invisiblement des liens de la paresse et de la négligence, lui suggère-t-il de rejeter loin de lui avec mépris le joug salutaire du jeûne et de revenir à ses habitudes antérieures. Pour cette raison, en ce jour, je rappelle et je conseille à votre Charité, à votre Paternité, de ne prêter aucunement l’oreille au Malintentionné, de ne pas vous laisser reprendre par la mauvaise habitude de l’insatiable gourmandise, de ne pas retourner en arrière vers la vieille satisfaction des mauvais désirs : mais honorons cette seconde semaines du Jeûne comme la première, et ainsi de suite pour les autres. Oui, mes pères et frères, pour notre bien, agissons ainsi ; ce que nous avons amassé, naguère, n’acceptons pas maintenant de le perdre, efforçons-nous plutôt d’y ajouter et de l’accroître, et ce que par le passé nous avons eu le bonheur d’édifier, ne souffrons pas maintenant le malheur que ce serait de le détruire. Que chacun d’entre vous se rappelle le profit trouvé dans le jeûne, de quels dons de Dieu l’a gratifié dans ce peu de jours, et qu’il devienne pour l’avenir encore plus ardent…

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc. XXIV, 12-35
Liturgie : Hébr. I, 10- II, 3 ; Hébr. VII, 26 – VIII, 2; Mc. II, 1-12 ; Jn. X, 9-


[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras

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